Le déficit de notre balance commerciale se creuse, reflétant les maux de notre économie


par Brigitte Ades - Vendredi 15 Juillet 2011

Le déficit des finances publiques n'est pas la seule plaie béante de notre économie, le déficit commercial ne cesse de se creuser: Il dépassait en Mai, pour le second mois consécutif, la barre des 7 milliards d'euros, un montant qui couvrait, il y a encore sept ans, une année entière. Devant cet indicateur alarmant, l'heure n'est plus à l'indifférence.

Rééquilibrer notre balance commerciale


Désormais, le déficit entre exportations et importations atteint les 33,4 milliards d’euros sur les cinq premiers mois de l’année 2011*. Pourtant, cet autre déficit, non moins grave que celui de nos dépenses publiques est longtemps passé inaperçu.
Quatre facteurs ont empêché les Français de mesurer, jusqu'à présent, la gravité du déséquilibre de leur balance commerciale, comme le note judicieusement Jean-Francis Pécresse dans les Echos, cette semaine.
Premièrement il y a eu l’écran de l’euro qui dispense les pays dont la balance extérieure est durablement déséquilibrée de sanction monétaire immédiate. Ensuite, les gros contrats signés par quelques champions nationaux comme Airbus, masquent les échecs à l’exportation de la plupart des entreprises françaises. Troisièmement, la profitabilité des entreprises sur le marché intérieur français contribue à dresser un tableau trop rassurant de la situation car, comme l’écrit Jean -Francis Pécresse, «si nos grands groupes sont encore profitables, c’est au prix de délocalisations qui ont rétréci notre base industrielle, et donc notre capacité à exporter ». Enfin, le coût de l’énergie a longtemps été considéré comme le grand responsable de notre déficit commercial alors que d’autres raisons sont à invoquer sur lesquelles nous avons plus de prise.

A quoi doit-on réellement attribuer notre perte de compétitivité industrielle ?


Il est courant d’imputer notre perte de compétitivité au coût global du travail, encore trop élevé en France, qui nous empêche de lutter efficacement à l’international, mais nous ne sommes pas les seuls, en Europe, à avoir un coût unitaire du travail élevé. Or, depuis dix ans, le nombre des entreprises françaises exportatrices ne cesse de baisser par rapport à nos voisins européens. En 2010, elles n’étaient plus que 90.855 selon les chiffres du Ministère du Commerce Extérieur, soit trois fois moins qu’en Allemagne et deux fois moins qu’en Italie.
Or c’est surtout le nombre de PME qui est en perte de vitesse. Selon une étude de la Banque de France, le nombre d’entreprises employant 250 à 5000 salariés plafonnait à 4.195 en 2009. Alors que la Grande Bretagne ou l’Allemagne comptaient respectivement plus de 10 000 entreprises de taille moyenne. Or il est clair que ce sont justement les PME qui, en raison de leur taille critique, peuvent supporter le coût de l’innovation et se lancer sur les marchés extérieurs.

Les raisons qui entravent l’essor des PME françaises


En France, nous ne comptons que 4000 business angels soit dix fois moins qu’au Royaume Uni. Or ces conseillers-investisseurs en micro développement constituent un maillon important dans la croissance de future PME, en fournissant financement et savoir faire à ces petites entreprises en devenir. L’Etat Français ne devrait-il pas encourager la création de ces agences et les aider à s’installer par des incitations fiscales?
Autre facteur qui contribue à la perte tendancielle d’entreprises exportatrices en France : Les PME françaises lorsqu’elles sont en forte croissance « disparaissent prématurément car elles sont absorbées par de grands groupes. » explique Patrick Artus, directeur de la recherche chez Natexis, cité dans les Echos .. Or cette absorption peut être fatale parce que son rachat donne souvent lieu à un changement de l’équipe dirigeante et qu’en perdant sa liberté, la PME altère son profil dynamique et exportateur.

La France perd des parts de marché sur le plan mondial mais aussi par rapport à ses voisins de la zone euro. Nous ne pouvons plus nous contenter de nous féliciter d’avoir des entreprises françaises bénéficiaires dans l’Hexagone. Pour les aider à devenir bonnes exportatrices, il faut mobiliser nos efforts : Rappelons-nous que nous pouvons être compétitifs en dépit de notre coût unitaire de travail élevé. Nous ne possédons pas seulement l’industrie du luxe en France; mais aussi des niches technologiques avec des ingénieurs de premier ordre, et des produits issus de notre savoir-faire, uniques à exporter.

par Brigitte Ades

 
  • Du même auteur
Brigitte Ades
La France, les OGM, et les Etats-Unis
Un entretien premonitoire sur l'avenir du Monde arabe
Entretien avec Tony Blair
Selon les mémos secrets américains, le Pakistan serait un des pays les plus dangereux de la planète.
L'OTAN entre nouvelles menaces et nouvelle donne internationale
Etats-Unis : l'appel du Pacifique
Le rôle pivot de l'armée égyptienne dans l'issue de la crise actuelle.
Révoltes au Moyen Orient : l'Histoire retiendra le rôle clef des réseaux sociaux
Nouvelles démocraties au Moyen-Orient : l'enjeu économique
Crise alimentaire mondiale : les moyens proposés par le G20 seront-ils suffisants ?
Crise nucléaire au Japon : repenser nos systèmes de fonctionnement.
Droit d'ingérence ou devoir de conscience : le succès de l'intervention française en Côte d'Ivoire.
Enfin un peu d'optimisme : contrairement aux idées reçues, la qualité de la vie, dans le monde, s'améliore.
Les banques dans le collimateur de l'Union Européenne.
En direct du G8 : internet, vers une réglementation mondiale ?
Escalade des révoltes en Syrie : le pays basculera-t-il dans le chaos ?
Dangers en haute mer : menaces sur les Océans
Le déficit de notre balance commerciale se creuse, reflétant les maux de notre économie
Interview avec Larry Summers : plaidoyer pour la relance
La reprise occidentale et l'obstacle chinois
En 2012, devenez cyberphilanthrope !
Stratégie de défense américaine : nouveaux défis, nouvelle donne.
L'élection qui compte, cette année, pour nos industries, n'aura pas lieu en France, ou aux Etats-Unis, mais en Chine, à l'automne
Mort de Ben Laden, le double jeu du Pakistan
L'auto édition : la fin du tabou
Les clefs du Thatchérisme
Une chance historique pour Tsipras
Lors du référendum en Grande Bretagne, le pragmatisme l'emportera-t-il sur les passions ?
La fin du Royaume-Uni
Le Président que l’on n’attendait pas
Crimes de guerre : La fin de l’impunité
L’Opéra Garnier s’ancre dans notre époque
Ukraine : Comment finir une guerre sans fin ?
The supreme court's dilemma
Encounter with Jim Dine regarding his exhibition in Venice for the BIennale 2024

Les articles les plus consultés

Encounter with Jim Dine regarding his exhibition in Venice for the BIennale 2024
The supreme court's dilemma
La décision de la cour suprême sur l'inégilibilité de Trump: une vision européenne.
Le démantèlement de l’Institut de Sûreté Nucléaire serait une erreur inexcusable
Ukraine : Comment finir une guerre sans fin ?
Les trois conséquences imprévues et alarmantes des législatives
Book review: A brief History of Equality by Thomas Piketti
Pour en finir, sans en avoir l’air, avec la démocratie
voir plus d'articles
Les trois conséquences imprévues et alarmantes des législatives
Book review: A brief History of Equality by Thomas Piketti
Pour en finir, sans en avoir l’air, avec la démocratie
Book review on Exiles from Paradise
L’Opéra Garnier s’ancre dans notre époque
Crimes de guerre : La fin de l’impunité
Réviser l’article 16 de notre Constitution, une urgence démocratique
Les démocraties, par leur simple existence, sont un problème pour les tyrannies.
La fin du Royaume-Uni
Du bon usage de la fiscalité en faveur de l’investissement.
Le Président que l’on n’attendait pas
Lors du référendum en Grande Bretagne, le pragmatisme l'emportera-t-il sur les passions ?
Une chance historique pour Tsipras
Les clefs du Thatchérisme
L'auto édition : la fin du tabou
Mort de Ben Laden, le double jeu du Pakistan
L'élection qui compte, cette année, pour nos industries, n'aura pas lieu en France, ou aux Etats-Unis, mais en Chine, à l'automne
La France, les OGM, et les Etats-Unis
Stratégie de défense américaine : nouveaux défis, nouvelle donne.
En 2012, devenez cyberphilanthrope !
La reprise occidentale et l'obstacle chinois
Interview avec Larry Summers : plaidoyer pour la relance
Le déficit de notre balance commerciale se creuse, reflétant les maux de notre économie
Dangers en haute mer : menaces sur les Océans
Escalade des révoltes en Syrie : le pays basculera-t-il dans le chaos ?
En direct du G8 : internet, vers une réglementation mondiale ?
Les banques dans le collimateur de l'Union Européenne.
Enfin un peu d'optimisme : contrairement aux idées reçues, la qualité de la vie, dans le monde, s'améliore.
Droit d'ingérence ou devoir de conscience : le succès de l'intervention française en Côte d'Ivoire.
Crise nucléaire au Japon : repenser nos systèmes de fonctionnement.
Crise alimentaire mondiale : les moyens proposés par le G20 seront-ils suffisants ?
Nouvelles démocraties au Moyen-Orient : l'enjeu économique
Révoltes au Moyen Orient : l'Histoire retiendra le rôle clef des réseaux sociaux
Le rôle pivot de l'armée égyptienne dans l'issue de la crise actuelle.
Etats-Unis : l'appel du Pacifique
Selon les mémos secrets américains, le Pakistan serait un des pays les plus dangereux de la planète.
L'OTAN entre nouvelles menaces et nouvelle donne internationale
Entretien avec Tony Blair
Un entretien premonitoire sur l'avenir du Monde arabe
Entretien avec Margaret Thatcher
Vous êtes ici > Accueil > Le déficit de notre balance commerciale se creuse, reflétant les maux de notre économie
 Présentation du site
 Plus d'articles